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Pour comprendre le Discours Narratif et son enjeu, commençons par définir le Discours.
ANALYSE DU DISCOURS, Introduction au discours narratif
L'analyse du Discours (A.D.) est un domaine scientifique au sein des sciences du langage apparu dans les années 60. Son apparition s'inscrit dans un contexte de renouveau des révolutions. Jusqu'au milieu des années 60, l'ensemble des révolutions en Europe avaient touché les moyens de production. Après la Deuxième Guerre Mondiale, elles touchent l'information et les moyens de communication. Bill Clinton considérait en 1993 que l'information et ses échanges représentaient la vraie richesse d'un Etat et non plus les biens matériels.
Avec cette analyse, c'est une totale refonte de la façon dont un texte est analysé : On met alors de côté l'analyse phrastique. Le texte n'est plus une suite de phrases indépendantes les unes des autres.
Je parle ici de discours et de texte. On peut considérer de façon erronée que ces deux termes renvoient exactement à la même chose et ne seraient que de simples synonymes. Pour autant, le texte est un objet empirique, qui est indépendant des conditions de productions et de réceptions. Le texte est donc l'objet brut, auquel on n'aurait ôté toute contextualisation. Le Discours, quant à lui, est un objet empirique mais qui prend en compte cette contextualisation : Il est replacé à la fois dans sa situation de production mais aussi dans se situation de réception.
L'analyse du Discours est donc la désignation du domaine qui prend pour objet d'étude une entité linguistique, qui sera étudiée et décortiquée selon des paramètres contextualisant.
8 idées fortes se dégagent donc de l'analyse du Discours selon Dominique Maingueneau :
- Le discours suppose une organisation transphrastique : Le discours prend en compte l'ensemble des phrases comme un ensemble unique et indissociable (s'oppose à l'organisation phrastique : avant les années 60).
- Le discours est orienté : il est conçu en fonction d'une visée par le locuteur/émetteur.
- Le discours est une forme d'action : Toute énonciation constitue en soi une action.
- Le discours est interactif
- Le discours est contextualisé (je pense être suffisamment revenu sur ce principe : cf différence texte/discours)
- Le discours est pris en charge : il y a donc une part de subjectivité plus ou moins latente, plus ou moins explicite, dans chaque récit.
- Le discours est régi par des normes : Il s'inscrit dans un genre ou deux, mais garde une ossature propre à tel ou tel genre.
- Le discours est pris dans un interdiscours
LE DISCOURS NARRATIF
1) La narratologieL'analyse d'un récit, telle que nous allons tenter d'apporter les prémices dans ce document, appartient au domaine de la narratologie, domaine scientifique, lui aussi rattaché aux sciences du langage. C'est l'étude des mécanismes internes du récit. Elle vise à découvrir ou mettre en lumière les règles générales à l'écriture des récits mais aussi à leurs réceptions.
Vladimir Ropp en est le précurseur, en 1928, dans son ouvrage
Morphologie du conte.
Dans cet ouvrage, cet auteur Russe, met en relation 50 contes du Folklore Russe pour dégager une matrice commune. En effet, il part de l'hypothèse que tout conte possède une nomenclature commune et que les mettre en relation permet donc ainsi de la dégager. Il définit entre autre : 7 personnages clés et 31 fonctions.
Pour autant, cette matrice ne peut être utilisée pour tout texte narratif. C'est pourquoi, Claude Brémond (avec
La logique du Récit) puis Paul Ricoeur (avec
Temps et récit, tome 3). Le premier va affiner les personnages, le deuxième définit la notion d'intrigue (que nous verrons plus tard). Ces deux auteurs font des apports fondamentaux en narratologie mais ne permettent pour autant la création d'une matrice viable et infaillible.
Les apports finaux et les plus importants viennent d'Umberto Eco et de Jean-Michel Adam. Le premier introduit la coopération interprétative. C'est une orientation qualifiée de pragmatique. Le récit est ainsi analysé sur le plan de l'interaction langagière.
De l'autre, Adam va poser deux questions importantes :
'Quels sont les buts ou les visées de tel ou tel acte de discours qui passent par le relais de la narration ?'
'Quels effets la mise en récit tend-elle de produire sur le lecteur ?'
On dégage donc deux visions : L'approche structurale du récit, débutée par Ropp et l'approche pragmatique d'Umberto Eco.
Voilà pour le côté historico-théorique de l'analyse du discours et de la narratologie. Intéressons nous maintenant aux critères et définitions du récit.
2) Définitions et critères du récit (Jean Michel Adam).Pour composer une histoire il faut deux types d'éléments, présents dans tous les récits :
- Des éléments descriptifs : décors, personnages ...
- Une intrigue (instaurée par Paul Ricoeur).
Selon J-M Adam, un récit n'est qu'une suite de propositions liées et progressant vers une fin.
Pour Brémond : Il faut pour constituer un récit
- Un sujet, animé ou non
- une temporalité
- des prédicats transformés (nous y reviendrons)
- une succession d'évènements
- une intégration dans une même unité pour l'ensemble des actions
- une implication d'intérêts humains.
Pour Adam : il faut pour constituer un récit
- Une succession d'évènements qui permet de passer de T, qui est le début, à T+n, qui est la fin. T étant le moment de départ, n, le temps passé.
- Une unité thématique avec un sujet (S), animé ou non, facteur de cette unité d'action
- Des prédicats transformés : Un prédicat est la partie ou les parties d'un récit qui portent une information sur le sujet S. Pour que le récit s'effectue, il faut que les prédicats à T et à T+n soient transformés, que ce soit en bien ou non.
- Un procès : C'est le moment transformationnel des prédicats. Ce procès est soumis à une tension qui est génératrice de transformation.
- Une causalité narrative d'une mise en intrigue : La narration suit un enchainement causal (chaque action est la conséquence d'une action antérieure et cause d'une action à venir).
- Une évaluation finale qui peut être invariablement explicite ou implicite : Cela induit une notion de morale finale.
Dans un récit, narratif, il y a une absence d'embrayeur et donc une énonciation effacée.
Un embrayeur est un mot qui, selon le contexte d'énonciation, aura un sens variant. Il donne des indices sur l'énonciateur et sur l'énonciation.
Un récit est donc un texte où le repérage des évènements n'est pas effectué par rapport à la situation d'énonciation mais uniquement entre eux.
Voici un exemple pour bien comprendre cette notion très importante :
Plan embrayé : Demain, il ira là bas
Plan non embrayé (récit) : Le lendemain, il irait chez le héros.
Selon la situation d'énonciation le plan embrayé aura plusieurs sens, tandis que la deuxième est déconnectée de la situation d'énonciation et n'a donc qu'un sens possible.
Les repères spacio-temporels sont internes au récit et non à la situation d'énonciation.
Enfin, les verbes sont en grandes parties des verbes d'action, et les temps sont avant tout : le présent de narration, l'imparfait, le passé composé, le passé simple et le conditionnel (futur dans le passé).
3) Le schéma narratifLe schéma narratif découpe le récit en suite d'étapes chronologiquement invariables. C'est une analyse séquentielle.
En d'autres termes, le schéma narratif renvoie à une ossature commune aux récits mais il est bien sur important de prendre du recul vis à vis de ce schéma. Pour autant, dans la majorité des cas, le schéma narratif peut s'appliquer à un récit.
Il y a 5 étapes :
- Situation initiale : Avec les prédicats de T, il y a un équilibre de départ
- Elément perturbateur
- Les péripéties : forment l'intrigue
- Résolution
- Situation finale : Nouvel équilibre, prédicats de T+n
Pour autant, il n'y a pas d'organisation dynamique dans ce schéma. C'est à dire qu'il n'y a pas la notion de FeedBack, ce que les psychologues dénoncent. En effet, il n'est pas pris en compte dans ce schéma, la notion de récepteur.
4) Mise en intrigueLa base de tout récit est la mise en tension et en intrigue. Sans cela, il est impossible de faire un récit. C'est donc l'élément qu'il faut penser en premier.
L'intrigue vient du latin Intricare qui signifie embarrasser/embrouiller.
Pour Aristote, l'intrigue est centrée sur le couple "Nouement-Dénouement" (qui est propre à la tragédie) et d'une action ternaire.
On retrouve ainsi les 5 étapes du récit, que nous avons vu au point précédent.
Le récit, doit se construire autour de l'intrigue et ne pas considérer l'intrigue comme un élément du récit que l'on peut ajouter, modeler sans bouleverser le récit. Il s'agit d'une histoire complète et cohérente. La mise en intrigue consiste en grande partie dans la sélection d'évènements et de d'actions et de l'arrangement de ceux ci.
Il n'y a donc discours narratif que s'il y a entre la situation initiale et la situation finale, une tension qui se traduit par une perte ou un gain entre les deux.
5) Prise en compte du lecteur : Coopération InterprétativeC'est l'approche pragmatique que nous avions entrevue avec Umberto Eco.
Ici on s'intéresse au lecteur et l'auteur est mis de côté.
Un énoncé est conçu en fonction du lecteur et l'auteur anticipe les possibilités interprétatives de son lecteur. Le fait d'ajouter un élément qu'on appelle souvent un "clin d'oeil", nous oblige en tant qu'auteur à anticiper les possibilités interprétatives du destinataire du message.
a) Comment le texte est lu ?
b) Comment toute description de ma structure du texte doit en même temps être la description des mouvements de lecture qu'il impose.
=> il y a un caractère infini de l'interprétation
=> Cela recquiert des mouvements coopératifs, actifs ou conscients de la part du lecteur.
Le lecteur est donc un acteur du récit. C'est pas le lecteur que l'implicité du texte se voit exposé au grand jour.
On écrit avant tout pour un lecteur, même si cela peut s'avérer inconscient de prime abord.
Ce document a été écrit à partir de cours suivis en cours magistral lors de mes études d'information-communication
ainsi que mes ajouts personnels et des clarifications personnelles.
Pour toutes informations ou clarifications de ce document, veuillez me contacter soit par MP soit en répondant au sujet.