Javeldose a écrit:
Bonjour (et pas bonsoir), j’ai lancé le projet fou (diront certains) de reforger et de rassembler les différents topics d’aide au scénario pour qu’ils soient plus percutants, plus instructifs en somme. J’ai la chance, et ce n’est pas une capacité mais un concours de circonstance, d’avoir des cours de scénar et donc d’avoir un surplus de partie théorique qu’ont peu de créateurs (non concernés : Buxley, Flo, Valoo, et sans doute d’autres dont je ne suis pas renseigné). Évidemment, je ne compte en aucun cas m’approprier le mérite de mes comparses, rendons à César ce qui est à César, les références seront données en fin de post.
Les topics sont sous la forme thèse-arguments-exemples, vous rappelant que ces topics sont assez génériques, ont une portée communautaire et ne sont pas que fantaisie théorique, ils sont applicables.
Mettons les points sur les i : écrire un scénario, c’est un travail de longue haleine. Ça prend du temps pour pas un rond, ça requiert un minimum de réflexion.
Flo a écrit:
Moi je n'écris jamais de texte ni de scénario. Comme ça c'est réglé.
Certes, il existe des exceptions à la règle qui la rende d’autant plus véridique. Tous le monde n’est pas aussi doué pour l’improvisation. Et quand bien même ce serait le cas, la performance serait-elle du même acabit dans l’écriture ? (dixit
Flo).
Si vous vous lancez dans une aventure comme celle de la réalisation mp3, sans scénario, vous allez vous casser les dents.
Il faut s’être initié à ce domaine pour espérer s’en détacher par la suite ; mais sans expérience aucune, à part un don du ciel valable pour 0,0000001% de la population mondiale, ou par un déclic fabuleux qui éclairera
all of your life, vous devez passer par l’étape du scénario.
/ !\ Nous parlons bien de l’étape du scénario, pas des étapes de construction qui vont être proposées dans ce topic (bien qu’il faille en avoir pris connaissance pour passer outre). / !\
Voici le plan de ce post :
Code:
Le processus d’écriture du scénario.
> I] Avant propos
> > a) Utilité du scénario de saga
> > b) Déconfiture du format mp3
> > c) Mise en page et formatage
> > d) Portée/Public de la réalisation
> II] Se lancer dans l’écriture
> > a) Le thème
> > b) L’idée principale
> > c) Le genre, l’époque, l’intrigue (la trinité)
> > d) Technique de rédaction
> III] Étapes et structure du scénario
> > a) L’armature du récit
> > b) Les étapes d’écriture
> > c) Exemple de construction typique
> > d) Le schéma actenciel
I] Avant proposQu’est-ce qu’on entend par scénario ? Qu’est-ce concrètement que le scénario ? Ben le scénario, comme dirait l’autre, c’est un
récit technico-littéraire destiné à être filmé, dessiné (dans le cas d'une bd), modélisé en 3D (cas d'un jeu vidéo ou d'un film d'animation) et plus spécifiquement pour nous
d’être enregistré. Il fait partie
intégrante des étapes, aussi élémentaires qu’importantes, d’une réalisation, et conclut la phase de
développement du projet (j’y reviendrai) pour permettre de passer à l’étape suivante :
l’enregistrement.
a) Utilité : mettons-nous d’accord : le scénario de saga mp3 n’est pas le même que le scénario télé, BD, cinéma ou de pièce de théâtre.
Il a la même fonction, mais pas les mêmes fonctionnalités. Il faut se rendre à l’évidence ….. le mp3 n’a pas d’image !
Ça parait bête de le dire comme ça, mais replaçons-nous dans notre domaine. Nous ne sommes pas en train de réaliser un court-métrage avec caméras, micro canon, perche, rails de travelling, steadycam, etc … nous sommes encadrés (et non limités) par notre format audio. Certains diront que cela constitue un défaut, et là intervient l’utilisation du scénario-saga mp3 à sa juste valeur.
Explication : on n’a pas les images, ce qui nous fait tendre bien souvent vers la suggestion plus que par la réelle explication, ou alors par l’utilisation parfaite du son. La réelle déficience serait de tenter de contrer ça par l’emploi d’un narrateur (à moins que ce soit volontaire et que ça ait une importance scénaristique). Ces pseudo-faiblesses peuvent être bien au contraire des forces ! En effet, le support audio est, après le support papier, et selon moi, le format le plus adapté au milieu amateur. En effet, à moindre coût et moyens, on peut
avec deux bouts de ficelles créer une réelle
« création » correcte, qualitativement parlant
(le cf le plus connu étant JBX, un micro posé sur une boite de benko)b) Déconfiture : considérons comme « faiblesse » le fait que tout ce que vous raconterez passera
exclusivement par le texte et le son (ce qui n’est pas liberticide en soit, quand même). Votre auditeur/auditrice devra "s'imaginer" ce que vous racontez. C'est à vous de le/la mettre sur la voie... et pourvu qu'elle soit royale ! La seule limitation sera la suggestion dans certains cas, ou bien le manque d’expérience en mixage, mais toute restriction est à prendre à son avantage quand on l’assimile dès la création du projet.
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Conseil : Avant même d’aller plus loin, je vous conseille de prendre en compte vos moyens, votre matériel à disposition. Vous n’avez pas d’actrice féminine ? Alors pas de femme, ou alors demandez au préalable la disponibilité des actrices sur le forum. Vous avez un micro de faible capacité
(je n’ose pas dire qualité car connoté) ? Alors imaginez des personnages qui ont des scaphandres, ou des combinaisons, ou alors faites un récit basé sur la narration à travers un magnéto (cassette enregistrée où le personnage principal narre son passé). Soyez imaginatifs ! Vous êtes deux potes, alors limitez vous à 2 personnages principaux, et pas 10 ! Recrutez des perso secondaires sur le neto pour diversifier les voix. La netosphère offre moult possibilité de substitution.
Buxley a écrit:
Dans le cas d'un vieux micro avec souffle, de deux personnages, il est facile de trouver un synopsis.
Deux spéléos coincés dans un tunnel. Ils n'ont que de pauvres micros pour se parler. A certains moments même ça grésille. On arrive à une sorte de Projet Blair Witch en audi.
Un bon scénariste est un scénariste qui sait faire face aux contraintes qu’on lui impose, et ça vaut pour le milieu professionnel. SI vous y arrivez, alors lorsque vous disposerez de plus de liberté, vous casserez la baraque !
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c) La mise en page : oui, je sais, certains vont me dire que j’exagère d’en parler, mais certains me soutiendront
(Kardukman, je t’invooooque !).
En effet, il s’agit là de l’apparence, de la forme et non du fond de vos écrits ; d’où le petit
a) sur la mise en page. Il est évident que si vous travaillez seul, vous pouvez écrire en langage SMS votre scénario, puisque rien n’entachera l’écoute en audio.
MAIS dans le monde d’aujourd’hui, dans la sagasphère (pas de débat sur ce mot, sagasphère = monde des sagas mp3), le créateur d’autrefois qui se chargeait de tout n’est devenu que l’un des plus gros maillons de la réalisation,
il est accompagné aujourd’hui.
Partant de cette constatation, car c’est un fait, il n’est plus rare du tout que l’on ait des personnages différentes pour les statuts scénariste-acteur-mixeur-[strike]webmaster[/strike]
(très utile dans mon exemple, le webmaster -_-), il faut que votre scénario soit compréhensible, accessible et lisible par tous ! Aussi, vous devez savoir qu’il existe un formatage en rigueur pour les scénarios, que ce soit en cinéma, en théâtre, en radio, en animation, en bd ou quoi ce soit d’autre
(légèrement différents les uns des autres, mais là c’est pas le sujet).
Sans m’étendre davantage sur le sujet, prohibant l’utilisation de format sans balise de mise en page comme le .txt, je vous demande un peu d’empathie pour vos collaborateurs. Bien heureusement, je suis là pour vous donner des liens de progiciels légers (et parfois gratuits en plus) qui font cette mise en page, ce formatage,
à votre place (histoire de pas vous casser la tête) :
Comme ça, plus d’excuses, vous êtes prévenus. L’illisible est à proscrire. Et mieux encore : les correcteurs orthographiques ne sont pas qu’accessoires, souvenez-vous en.
Évitez les répétitions grâce à ça. Il vous suffit de mettre le nom de vos perso dans le mots a ne pas détecter.d) La portée : posez de suite la question de la portée. Dans le monde de la télé ou de la radio, de la bd ou quoi que ce soit d’autre, il faut avant toute chose de cibler votre public : est-ce que ce sera plus enfantin ? Pour les adolescents ? Pour les 18-33 ans ? 33-48 ? Plus ?
Cette question est de moindre mesure dans le domaine de la saga mp3, mais la réelle question à se poser est : est-ce juste un délire entre potes ? Voulons-nous qu’elle soit compréhensible à tous ou alors par les initiés au domaine ? Par exemple, « je parodie Halo, est-ce que je le fais pour les fans de Halo ou est-ce que tout le monde pourra écouter sans être déconcerté ? ». Attention portée aussi sur l’humour : les allusions sexuelles et le pipi-caca ne sera pas pour les plus jeunes, et pas pour les plus vieux non plus. Les calembours sont souvent appréciés par tous, mais ne seront-ils qu’anecdote, ou en fait-on une spécificité (
les deux minutes du peuple,
la IIIème légion, les monos de
Shadwk par exemple) ? Cette question est importante car elle entrera en scène lors de la «
sélection naturelle » de vos auditeurs, pensez-y.
II] Se lancer dans l’écritureQue faut-il faire au préalable ? Au tout début ? Ça parait évident, mais le tout est de trouver une idée. Et c’est pas toujours facile, surtout pour les névrosés du syndrome de la feuille blanche. Essayons de vous
guider un peu dans votre démarche (on n’écrira pas pour vous, ou alors recrutez un scénariste).
a) Le thème : Beaucoup pensent que pour démarrer un scénario, il faut démarrer avec une idée. Ce n’est que partiellement vrai. En réalité, bien que souvent la trouvaille se fasse simultanément, on peut chercher à trouver le thème avant l’idée phare.
En effet, si l’idée est la phrase d’où part vos écrits, le thème est le mot d’où part la phrase. Par exemple : extraterrestre. On peut bien sur, et c'est très conseillé, mélanger des thèmes, en prendre plusieurs. La qualité d'un scénario tient souvent à la liberté que prend son scénariste. Il est donc préférable de mélanger les thèmes et de les brasser entre eux, tels le seigle et le houblon.
b) L’idée principale : c’est le point de départ, l’idée, là d’où tout va se construire. L’avantage de l’antériorité ferait que mon avis paraphraserait celui de
Buxley, qui est le suivant :
Buxley a écrit:
Ne compliquez pas votre propos de suite. Une intrigue majeure !
Une idée. Après on introduit d'autres choses mais ça, ça vient en cours d'écriture. Basez-vous sur une question, une phrase, voire un mot qui vous semble important et tel spiderman,
vous tisserez votre toile autour. Mais ça doit être votre centre.
Exemple :
Les Yeux de l'Ange Bleu parle d'Obsession. L'Obsession d'un professeur pour deux pierres précieuses, une obsession qui lui ruine la vie. Et de l'impression de ne pas exister.
Baefwishes a un discours un peu écolo. La rencontre entre la technologie et la nature.
La Ligne pose une question : Pour sauver quelqu'un, tueriez-vous une autre personne, quand bien même cette personne est innocente ?
c) Le genre, l’époque, l’intrigue : rajoutez à ceux là la
théorie des 36 situations dramatiques. Si celle-ci ne vous dit encore rien, nous allons y venir.
En effet, maintenant que vous avez votre mot-thème, et votre phrase-idée, il vous faut les situer dans le temps et l’espace, et dans le
genre. Bien sûr, tous les trois sont liés, puisqu’une saga péplum tendra bien plus vers de la Grèce ou de la Rome, voire de l’Égypte, Antique, tandis que du fantastique se situera vers du médiévale (le fameux
med-fan) dans des pleines et des villes moyenâgeuses. Je précise
tendra puisque le mélange des genre vous laisse toute liberté. Je vous laisse l’initiative de visiter les [url=http://fr.wikipedia.org/wiki/Genre_cinématographique#Genres_par_ordre_alphab.C3.A9tique]différents genres qui existent[/url].
Certains tendent à dire que la saga mp3, de par son aspect principalement axé sur le dialogue, s’apparente à du théâtre. Réfutons là cette idée, ou du moins nuançons là grandement. Les gens du théâtre tels que la comédie, le tragique, le drame ou le lyrisme sont inclus dans la réalisation mp3, mais comparons donc au cinéma : 3 de ces 4 genres sont transposables, et que de genre comme le fantastique, le policier, le western, la science fiction, l’héroïque fantaisie, le burlesque et je vous en passe et des meilleures !
- Ces images que nous ne voyons pas, nous les imaginons par l’ambiance et les bruitages. Contrairement au théâtre où le spectateur accepte de se accepte de se laisser berner, considérant d’un comme-un-accord qu'un palmier représente l'oasis tout entier.
- Finalement, ceci n’est vrai que dans les réalisations où l’attention portée à l’insertion est moindre pour privilégié le rire de l’auditeur. En ce cas là, la saga pencherai plus vers le théâtre que vers le cinéma, mais ce n’est pas généralisable. Exemple : dans les deux minutes du peuples par exemple, un simple son nous fait nous dire "ok, on est à cet endroit là" parce que le but n'est pas l'ambiance/l'insertion/l’immersion, mais l'humour.
Georges Polti, dans la théorie des 36 situations dramatiques, a écrit:
Sauver : un personnage se propose pour en sauver un ou plusieurs autres.
Implorer : un personnage en péril implore qu’on le tire de l’embarras.
Venger un proche : une vengeance au sein d’une même famille.
Venger un crime : un personnage venge le meurtre d’un autre personnage.
Être traqué : un personnage doit s’enfuir pour sauver sa vie.
Détruire : un désastre survient, ou va survenir, à la suite des actions d’un personnage.
Posséder : un désir de possession (un bien, un être, etc.) contrevenue.
Se révolter : un personnage insoumis se révolte contre une autorité supérieure.
Être audacieux : un personnage tente d’obtenir l’inatteignable.
Ravir ou kidnapper : un personnage kidnappe un autre personnage contre sa volonté.
Résoudre une énigme : un personnage essaie de résoudre une énigme difficile.
Obtenir ou conquérir : un personnage principal essaie de s'emparer d'un bien précieux.
Haïr : un personnage voue une haine profonde à un autre personnage.
Rivaliser : un personnage veut atteindre la situation enviable d'un proche.
Adultère meurtrier : pour posséder son amante, un personnage tue son mari.
Folie : sous l’emprise de la folie, un personnage commet des crimes.
Imprudence fatale : un personnage commet une grave erreur.
Inceste : une relation impossible entre proches.
Tuer un des siens inconnus : un personnage tue un proche sans le savoir.
Se sacrifier à l'idéal : un personnage donne sa vie pour un idéal.
Se sacrifier aux proches : un personnage se sacrifie pour sauver un proche.
Tout sacrifier à la passion : une passion se révèle fatale.
Devoir sacrifier les siens : pour un idéal supérieur, un personnage sacrifie un être proche.
Rivaliser à armes inégales : un personnage décide d'affronter un autre plus fort que lui.
Adultère : un personnage trompe un autre personnage.
Crimes d'amour : un personnage amoureux s’égare et commet un crime.
Le déshonneur d'un être aimé : l’être aimé se livre à des activités répréhensibles.
Amours empêchées : un amour est entravé par la famille ou la société.
Aimer l’ennemi : un personnage en aime un autre même s'il est son ennemi.
L'ambition : un personnage est prêt à tout pour concrétiser son ambition.
Lutter contre Dieu : un personnage est prêt à affronter Dieu pour assouvir son ambition. Fatalité.
Jalousie : méprise et jalousie amènent un personnage à poser des actes regrettables.
Erreur judiciaire : un personnage est injustement accusé et condamné.
Remords : rongé par la culpabilité, un personnage a des remords.
Retrouvailles : après une longue absence, des personnages se retrouvent ou se reconnaissent.
L’épreuve du deuil : un personnage doit faire le deuil d’un personnage aimé.
d) Tout rédiger ? : citons les deux écoles de pensée :
- celle qui pense que tout doit être mis en place avant la réalisation audio, donc que tout le support écrit soit terminé.
- celle qui pense que ça vient au fur et à mesure, et qu’on peut très bien innover en cours de réalisation
Après, il y a un mélange entre ceux qui pensent qu’il faut avoir un point de départ et un point d’arrivé. Et qu’à partir de là, l’écriture se fait au fur et à mesure. Son avantage est que selon les avis reçus, les modifications peuvent se faire en fonction des retours. Son inconvénient est qu’il n’y a pas de méditation sur le scénario, et qu’il vaut mieux avoir une pré-expérience dans le domaine de l’écriture.
Je suis moi-même avec le temps devenu partisan du « tout écrit avant de passer à l’audio », sachant que les modifications post-
retours-des-auditeurs est possible, et qu’elle inclut aussi la macération et la méditation du texte et de sa rédaction, et je pense que
Kradukman m’appuie sur ce point précis.
Mais ce n’est que mon avis parmi tant d’autre qui n’engage que moi.
Pour exemples :
Kradukman a écrit:
Lors d'un premier scénario, il vaut mieux connaître la fin (quoique dans une série, on n'est pas obligé de la connaître). Cependant, pour les plus aventureux (et surtout plus expérimentés), comme on n'a jamais envie d'arrêter sa saga, on n'est pas obligé de la connaître (excepté si on lance l'auditeur sur une piste, alors il faut la suivre (sauf dans un but stylistique ou de désinformation de l'auditeur)).
Buxley a écrit:
[…]une bonne histoire a une bonne fin. Et cette fin, elle doit être connue avant que vous n'écriviez la première ligne de votre saga (même si vous la changez un peu en cours de route, ou rajoutiez des éléments).
Vous partez d'Orléans pour partir à Bordeaux, vous savez déjà que la fin de votre route c'est Bordeaux. Après, à vous de choisir de vous arrêter sur des aires d'autoroute si ça peut agrémenter votre route.
On sait où ils en sont aujourd’hui. Je les nomme témoins à charge de mes dires
Et comble du comble, je recenserai aussi celle-ci :
Javeldose a écrit:
Pour moi, le scénario, c’est comme du vin. Les idées mûrissent dans votre tête, le plaquage par écrit correspond à la cueillette, et la relecture, c’est vos idées qui macèrent
Je me cite moi-même maintenant, où va le monde ?III] Étapes et structure du scénarioLà, nous dirons « oui » aux gens qui viennent nous parler de théorie classique. En effet, ce qui suit n’est pas à avoir en tête lors de l’écriture, mais après, pour vérifier la cohérence logique des éléments de l’intrigue.
a) L’armature : que l’on nomme
squelette,
hiérarchisation ou
structure du scénario, il s’agit en fait d’
échelonner les différents éléments de l’écriture. En effet, je le concède et vous allez le voir, ça fait très théorique, mais ça s’applique aisément et ça valide la cohérence de votre écriture sur un point de vue du plan de construction.
En effet, dans un scénario, vous avez en premier plan l’
histoire, qui est le
tout, l’univers, le monde, ainsi que les évènements qui s’y déroulent et les éléments et personnages qui y appartiennent. Dans cette histoire, vous avez le récit et la narration, qui sont deux éléments distincts et bien souvent mélangés :
- le récit est l’ordre chronologique de l’histoire. Il regroupe péripéties, évènements, actions.
- la narration, / !\ à ne pas confondre avec le narrateur / !\, est l’ordre dans lequel vont nous être présentées les choses, le point de vue par lequel elles nous seront racontées, et de quelle façon.
Vous remarquerez que je distingue, comme la plupart des puristes ou des initiés, péripéties/actions/évènements. En effet, les
évènements sont ce qui se déroule dans l’histoire, sans être forcément cité, sans qu’on y assiste forcément, sans même qu’on en ait connaissance parfois. Les
actions sont les évènements que l’on suit par l’intermédiaire de la narration et donc des personnages*. Enfin, les
péripéties sont un ensemble d’actions qui aboutissent à un fait accompli.
--> Si le but est de récupérer une relique, alors la péripétie est de la récupérer tandis que les actions sont la résolution d’énigmes, la confrontation avec les monstres en chemin, le trajet emprunté et toutes les embuches qui s’en suivent.
*Notons que presque tout peut nous être raconté, comme dans le Donjon de Naheulbeuk (alias DdN) saison 1 de Pen of Chaos, où l’on a des allés et retours entre les héros et les méchants, et nous sommes au courant de tout. Les actions ne nous étonnent pas mais c’est voulu, car de l’humour de situation est mis en place par cet artifice. Je citerais de même pour Reflets d’Acide (alias RdA de JBX) avec les allés et retour entre les héros et la dragonne, ou encore le tavernier, ou plus tard avec le grand méchant de l’histoire et sa clique.
Dans un cas inverse où ils se passent pleins de choses dans notre dos, qui ont pour une grande partie été rédigées, sans que les personnages en aient conscience (puisqu’on est dans une narration interne en « vue » première personne), c’est Urban Révolution. Je vous renverrai à ce lien qui vous donne mon long post d’explication sur la narration (sur laquelle je reviens dans un autre tutorial).
Donc, le squelette d’un scénario correspond à ça :
Code:
Histoire
> Récit
> > Narration
> > > Séquence
> > > > Péripétie
> > > > > Scène
> > > > > > Action
Comme vous pouvez le voir, ou du moins le deviner, il y a une hiérarchisation qui suppose que l’action est inclue dans la scène qui est inclue dans la péripétie, et ainsi de suite. En sachant que la
scène se délimite par une
unité de lieu, de
temps, et/ou de
personnages (entendez que personnages, pas toujours sauf au théâtre, et lieu, pas toujours s’il y a mouvement d’un lieu à l’autre pour remplacer la transition. Mais la continuité temporelle est
obligatoirement dans la scène, condition
sine qua non). Enfin, la séquence qui est composée de plusieurs scènes et qui est délimitée par une péripétie. Elle est donc construite suivant une cohérence logique et dispose très souvent d’une unité temporelle pour cause de facilité de compréhension, mais n’en est nullement réduite.
b) Les étapes d’écriture : Depuis l'invention du cinématographe (1895), une quinzaine de types de document ont vu le jour, s'adaptant chaque fois aux besoins techniques et artistiques d'une époque. Les formes de documents actuelles, notamment dans la mise en forme typographique, ont été fixées dans les années 1950, et sont tenues de façon scrupuleuse à Hollywood, (mais moins en France et ailleurs). L'important demeure que le scénario soit
compréhensible pour chaque intervenant du film. Et il en est de même dans notre milieu (bien que ce qui suit soit très formel, ce n’est qu’une méthode pour procéder à l’écriture, vous pouvez en éluder).
Les 7 étapes de l'élaboration du scénario :- L'argument : c'est l'idée principale, résumée en une ou deux phrases. Le terme anglais pitch le désignant est souvent utilisé.
- Le synopsis : c'est un résumé de l'histoire racontée en détails, de l’ordre de quelques pages (à ne pas confondre avec ce que les anglo-saxons appellent le story line, qui résume l'essentiel en quelques lignes). Il peut servir à présenter un projet de scénario aux réalisateurs potentiels (si vous ne savez pas mixer), aux acteurs pressentis (Netophonix, mine de talents ?), etc…
- Le traitement : (treatment en anglais) il se compte en dizaine(s) de pages. Il s'agit de l'étape intermédiaire entre le synopsis et la continuité dialoguée. La réalisation y est présentée de manière détaillée. En revanche, les dialogues n'y figurent pas (sauf les répliques d'importance notoire).
- La continuité dialoguée : aussi appelé découpage séquentiel, il est la description auditive chronologique des lieux, ambiances, répliques de l'histoire. Elle décrit les séquences dans l'ordre prévu, accompagnées de quelques mentions techniques nécessaires comme la diégèse ("intérieur/nuit", "derrière une porte", ce genre de choses, terme abordé dans un autre topic), et des didascalies (indications pour les acteurs ou le mixeur, gestuelle, bruitages, etc …).
- La note d'intention, faite en une à trois pages (voire plus), permet à l'auteur de préciser ses idées concernant le ton du film, la psychologie qu'il envisage pour les différents personnages, la façon dont il visualise les ambiances sonores si ce n’est pas lui qui les réalise ; il peut aussi préciser le type de technique qu'il souhaite pour tel ou tel effet particulier.
- Les annexes, facultatives peuvent contenir des indications de repérage, du site réservé à la saga, ou des précisions sur les acteurs déjà contactés pour tel ou tel rôle. Certains noms peuvent en effet avoir un gros impact sur les décisions d’autres acteur et du mixeur.
- La bible, ou master, ou encore catalogue master est le document contenant toutes les références pour l'élaboration collégiale de scénarios. Elle contient la description des personnages et des intrigues, leurs progressions, et aussi un cahier des charges pour l'identité de la réalisation*. C'est un gigantesque synopsis de toute l'histoire découpée en épisodes qui s'enchaînent selon une continuité narrative résumé dans un petit livret.
*Prenons pour exemple le cinéma, dans chaque épisode de
Starsky et Hutch, il y a une poursuite en voiture, une fusillade et au moins une réplique humoristique. Maintenant, dans la sagasphère, prenons la saison 2 du
Donjon de Naheulbeuk (
PoC), on a des allusions sexuelles pour l’elfe, des insultes pour le nain, de la prétention pour le ranger, un lieu traversé, un danger.
c) Exemple de construction typique : citée dans le livre de
Michel Chion, on y reconnaîtra les principes de construction devenus classiques, largement utilisés, de par le monde, ayant donc fait leurs preuves...
- Premier acte : un quart du temps de la réalisation finale. C'est l'introduction (set-up) où toutes les données de la réalisation sont exposées, qui se termine par un coup de théâtre (plot-point) (notions évoquées dans un autre topic).
- Deuxième acte : deux quarts de la réalisation finale. C'est le développement dans lequel les problèmes semblent devenir insolubles, ou en tout cas sont exposés de telle façon que la curiosité de l’auditeur est aiguisée, donc en attente d'être satisfaite.
- Troisième acte : un quart de la réalisation finale. Dénouement et solution, dont le climax (évoqué dans un autre topic). En principe le dénouement doit naître des données de l'histoire elle-même, et pas d'une intervention miraculeuse autant qu'inespérée venant au secours du scénariste sinon de l’auditeur !
Pour vous simplifier la chose de façon drastique, ça donnerait grosso modo :
Code:
un personnage sympathique
> rencontre un problème
> > finit par résoudre le problème.
Et cette recette fait son beurre. Mais attention néanmoins à la trop grande simplification. Autant une aventure humoristique n’oblige pas une construction poussée des personnages, autant une réalisation sérieuse ne peut souffrir d’aucune faille, et donc d’aucun archétype ni stéréotype. Rappelez vous aussi que le
déjà vu est meurtrier ; vous devez
sortir de la mêlée et faire la différence. L’amorce (évoquée dans un autre topic) est donc primordiale, un scénario rectiligne et plat n’émergera que peu, ou bien difficilement si elle dispose d’un jeu d’acteur et d’un mixage irréprochable.
Là encore, soyez imaginatifs.
d) Le schéma actanciel : une fois tout ceci fait (sans doute inconsciemment si vous avez l'habitude d'écrire déjà, car ce qui vous est donné là est très théorique, mais il est intéressant de donner des mots aux procédés que vous avez appliqués sans même le savoir lors de votre écriture), on va passer à du un peu plus concret. Je veux bien sûr parler du schéma actanciel.
"Quoiqu'est-ce ?" me direz vous.
Hé bien c'est assez simple. C'est une observation qu'a fait A.J. GREIMAS, un sémioticien du XXe siècle. Pour faire simple, c'est une construction schématique de la construction de votre histoire, avec ses différents intervenants (sujet, objet, adjuvants, opposants, etc...). Voilà comment il est représenté :
Clique
On distingue six ensembles de forces. Chacun de ces ensembles comporte un ou plusieurs éléments. Ces éléments sont souvent des personnages, mais peuvent aussi être des idées ( Par exemple, un idéal pousse quelqu'un à agir) ou des sentiments (la peur peut empêcher quelqu'un d'agir), etc.
Voici les 6 rôles des personnages :
Le sujet : c'est un personnage qui doit accomplir une « mission ». Celle-ci consiste à parvenir à l'élimination d'un problème, d'une difficulté, d'un manque (récupérer un objet, accomplir une action particulière).
L'objet : c'est ce que cherche à obtenir précisément le sujet. Cela peut être un réel objet (objet magique, par exemple), mais cela peut être aussi moins concret (le pouvoir, l'amour).
Le destinateur : (ou émetteur) c'est ce qui pousse le sujet à agir ; il apparaît donc plutôt au début de la quête. Ce peut être un personnage (dans ce cas, il envoie le sujet en mission), mais ce peut être aussi une chose, un sentiment, une idée (le désir d'être reconnu).
Le destinataire : c'est celui, celle ou ceux en faveur de qui la quête doit être accomplie ; il est donc mis en valeur à la fin de la mission. L'objet recherché par le sujet peut, par exemple, être offert par le sujet au(x) destinataire(s), mais le(s) destinataire(s) peu(ven)t aussi en profiter comme d'un bien commun (ex. la famille du sujet). Le destinataire peut être le sujet lui-même, mais nouvellement enrichi par la possession de cet objet.
Les opposants : c'est tout ce qui entrave la progression du sujet dans l'accomplissement de sa quête. Ils peuvent prendre la forme de personnages hostiles, mais aussi de n'importe quel obstacle entravant le sujet alors qu'il cherche à accomplir sa quête ; celui-ci s'efforce de surmonter ces obstacles.
Les adjuvants : c'est tout ce qui vient aider le sujet à accomplir sa quête. Ils peuvent prendre la forme de personnages amicaux ou simplement favorables (volontairement ou non), mais aussi de n'importe quel élément favorisant l'action du sujet, alors qu'il cherche à accomplir sa quête ; celui-ci bénéficie de l'aide apportée par ces personnages ou ces éléments.
Et plutôt que d'étendre les définitions à n'en plus pouvoir, privilégions les schéma qui résument au mieux votre structure scénaristique.
Clique
Clique
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Voilà, ce post est terminé. J’espère au plus haut point qu’il ait pu vous aider de quelconque manière que ce soit pour vos réalisations personnelles, et attends les plus avisées réponses de votre part. Je précise évidemment qu’il ne s’agit
que de théorie ayant un aspect pratique et une mise en application effective.
Blast a écrit:
Ces tutos doivent servir de base de travail pour que chacun puisse y puiser l'une ou l'autre méthode qui peut l'aider à écrire son histoire. ...Et qu'on ait envie de l'écouter.
La connaissance des règles (et surtout du pourquoi des règles) utilisées par les pros pour garantir une bonne accroche du public peut nous servir si nous décidons de l'utiliser pleinement, ou à contre pied, tant que nous le faisons consciemment.
Je vous invite à suivre les différents tutoriaux de scénario sur les personnages, la narration ou autre, relus et corrigé par : @now@n, Blast, Gerick, Mimiryudo, Rowlan, Tibékamer
Et rappelez vous ! [strike]Prenez soin de vos cheveux ![/strike]
Bink a écrit:
les conseils, il faut les prendre comme tel et non comme parole d'évangile.
Rowlan a écrit:
C’est l’ouvrier qui se sert des outils et non l’inverse
On vous donne des outils, à vous d’en faire ce que vous en voulez
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Relecture par : Rowlan, Tibékamer
Ajout par :
Reprises des précédents posts de : Bink, Blast, Buxley, Flo Kradukman, RowlanCe post rentre dans les différents postes en cours d'écriture.