Salut Daniel,
Pas certain qu'il y ait tellement de spécificités à la fiction sonore comparée à d'autre support.
C'est juste un moyen comme un autre de raconter une histoire.
On peut raconter la même histoire en roman, en bd, en film, en dessin animé, en fiction sonore, en jeu vidéo...
A chaque fois ça peut être la même histoire, mais la clé, c'est l'adaptation au support.
D'expérience, on peut considérer la fiction sonore comme à la croisée des chemins entre film et livre.
(Avec parfois un soupçon de jeu video et une pincée de scénario de JdR)
Du cinema, on a l'immersion sonore, la musique, les mouvements typiques d'une caméra, traveling, zoom, panoramique (on peut faire tout ça à l'audio), certains codes aussi.
Du livre, on a essentiellement l'imaginaire. Dans un livre on doit s'imaginer les décors, les personnages, voire les actions, au prix parfois d'une narration poussée pour nous aider.
La force d'une fiction sonore réussie, à mes yeux (oreilles plutôt), c'est de bien trouver l'équilibre entre ces deux supports et que l'adaptation en tienne compte.
C'est la raison pour laquelle je préfère me passer le plus possible de narration que (personnellement) je trouve à la fois une grosse ficelle pour se faciliter le travail d'adaptation mais aussi un frein à l'immersion.
Pas de "il leva un sourcil étonné". Il faut que ça passe par les dialogues, par le jeu, par les silences, par la musique,... mais on n'a ni image ni narration pour nous dire "il leva un sourcil étonné". On doit juste le comprendre.
Et en plus ça doit être subtil. Pas de "Et bien, tu sembles surpris par ce que je viens de dire !"
(ou alors, on met un narrateur, hein. C'est pas parce que j'aime pas que c'est interdit)
L'exposition dans les première minutes est aussi un choix difficile. Est-ce qu'il faut tout exposer à la "je n'ai pas besoin de te rappeler, mon cher, que nous faisons partie de la guilde intergalactique et que de ce fait nous devont obéir à une certaine hiérarchie, ce qui nous impose d'aller chercher cette cargaison dans le secteur 7 alors qu'on n'en a pas vraiment envie (et que peut-être un evènement qui va avoir lieu dans les 40 prochaines secondes va nous envoyer dans une direction completement opposée et nous faire passer pour des traitres au yeux du consortium)" Ou bien est-ce qu'on plonge directement dans l'action avec la princesse qui planque une disquette dans son robot et bam !
Ou une solution intermédiaire, plus ou moins tiède, plus ou moins réussie ?
En vrai, et ça sera ma conclusion, il n'y a pas de différences avec la réalisation d'un film ou l'écriture d'un livre.
On a une histoire à raconter, des contraintes liées au budget et au support (combien de scénaristes de BD disent en interview : au moins, en BD, si je veux un dragon ou une armada d'hélicoptères, je peux l'avoir. Au cinéma je n'aurais jamais eu le budget. D'un autre coté, Spielberg n'avait pas vraiment besoin de son requin en plastoc pour nous faire flipper à Amity Island).
Et du courage, et de la patience, et du boulot.
Ensuite c'est comme la prod d'un film, sauf qu'on n'a pas besoin de caméra, hormis pour le making of. Mais le reste est exactement le même.
(A noter aussi que l'adaptation à la projection dans un zénith est à prévoir : la gestion de la stereo, voire de dispositifs plus poussés encore, peut être problématique dans certaines grandes salles où le public situé sur la gauche pourrait entendre des trucs de manière assez différente du public situé à droite. Il faut peut-être en tenir compte.)
PS. je t'encourage à écouter les fictions d'Audiodramax (
https://www.audiodramax.com/) dont certaines ont été diffusées en salle. Tu peux même jouer à un jeu : lesquelles ont été faite pour ça, et lesquelles ont été faites pour une diffusion en radio ?