C'est le dilemme. Il faut que l'enregistrement ait un signal le plus fort possible pour qu'il soit bien détaillé, mais qu'il ne clippe jamais. On va donc devoir prendre de la marge, tout en la gardant la plus courte possible.
Si la voix est toujours sensiblement au même niveau, facile, on fait un enregistrement d'essai, on regarde, on regle et on recommence au point 1 jusqu'à ce qu'on soit content.
S'il y a de très fortes variations, il peut être judicieux de faire la prise en plusieurs fois et de re-régler le préampli à chaque fois : les séquences chuchottées, les sequences à voix normales, les séquences hurlées.
Il peut être judicieux d'intercaller un compresseur réglé très léger avant d'attaquer la carte son (un compresseur externe donc), ce qui peut atténuer, lisser certaines variations de volume involontaires ou causées par l'acteur qui bouge par rapport au micro.
Il est surtout recommandé, si c'est possible, d'enregistrer en 24 bits car la dynamique théorique étant beaucoup plus grande qu'en 16 bits, on peut se permettre d'enregistrer à -20 décibels de moyenne, voire moins, sans pour autant perdre un iota de nuance. Ainsi si le son monte ou si on doit crier, on ne va pas saturer.
Naturellement, avec les cartes son grand public, il est rare de pouvoir enregitrer en 24 bits, dommage. Relisez votre notice.
Mais ! Il y a un Mais. Tout ça serait trop simple, et on se demanderait pourquoi les ingé sons doivent faire des années d'études pour obtenir leur diplomes, s'il n'y avait pas un autre problème à gérer :
un préampli analogique va saturer de lui même bien avant que l'échantillonage numérique n'atteigne zero dB.
C'est à dire que, comme je le disais plus haut, un vu-metre analogique n'est pas calé sur la même échelle qu'un vu-metre numérique. Ce ne sont pas les même décibels. En numérique on parle de 0dB FS (full scale), en analogique ce sont des dBu et des dBV qui indiquent un véritable voltage.
Argh, le truc qui tue ! Ça veut dire que même si on ne clippe pas, on peut parfaitement enregistrer un son plein de tchrriiiichrrroup, qu'on va échantilloner avec amour et restituer exactement pareil aussi moche ? Ben oui.
Bon, pas besoin de connaitre les détails. Ce qu'il faut savoir c'est que la plupart des appareils sont réglés pour une différence de 18dB FS entre le zero dB analo et le zero dB numérique (zero dB FS). Par contre, on pourra tenir comte du fait qu'un appareil analogique est, lui capable de supporter une certaine saturation avant qu'elle ne devienne désagréable à l'oreille. On appelle ça le "head room".
Conclusion, si on utilise un préampli analogique, il est recommandé d'enregistrer avec un signal moyen sur le vu-metre analogique tournant autour de -18 dB FS, sachant que s'il monte occasionellement vers -10, ça devrait être encore propre à l'oreille.
(si on est tout en numérique, on se fiche un peu de tous ces détails, les appareils numérisent très vite et donc la préamplification est faite de manière logicielle, et non pas à l'aide de transistors ou de lampes)
Mais il reste un autre facteur de saturation dont nous n'avons pas encore parlé : Comment votre micro encaisse-t-il la pression acoustique ?
Damned, c'est vrai! Un micro, c'est une membrane fragile qui subit des variations de pression et qui va restituer le signal sous forme electrique, mais que se passe-t-il si la pression est tellement forte que la membrane finit par se coller au fond de la capsule. ?
C'est une image mais vous voyez ce que je veux dire : demandez à votre petit frère de tenir une feuille de papier à deux mains. Empruntez le sèche-cheveux de votre mère et dirigez le (allumé) vers la feuille. Au début celle-ci va vibrer, mais si vous vous approchez trop, la feuille de papier va finir par se plaquer comme si elle était collée.
Ben pour le micro c'est pareil. On traduit sa capacité à encaisser une pression acoustique par une valeur encore exprimée en décibels, mais encore différents, sinon ce serait vraiment trop simple : ce sont des dB SPL cette fois ci.
Un micro fait pour enregistrer une grosse caisse va pouvoir encaisser un niveau fort, mais sera peu nuancé. A l'inverse, d'autres micros seront beaucoup moins tolérants mais restitueront beaucoup de nuances.
Malheureusement, les micros grand-public indiquent rarement ces détails qui ne pourraient que perturber l'utilisateur lambda et l'amener à poser des questions génantes au chef de rayon qui n'y connait absolument rien.
Conclusion, tant qu'on reste dans le modeste home studio, il n'y a plus qu'à essayer de faire une bonne salade de toutes ces informations, la digérer plus ou moins, ouvrir ses oreille en grand et, si l'on perçoit quelque chose qui cloche, essayer de deviner si cela provient du micro, du préampli ou de l'échantillonage. Pas simple tout ça
Dans la pratique, comment ça se passe ?
- Si j'ai un micro multimedia branché dans ma carte son intégrée.
Ben je ne me prend pas la tête, je branche, je regle le niveau d'entrée du micro (eventuellement j'enclenche le boost mic) de manière à ne JAMAIS clipper. Puis j'écoute. Si le son reste moche c'est le micro qui a saturé et donc il faut s'éloigner un peu, refaire les réglages et refaire la prise.
- Si j'ai une petite table de mixage ou un préampli de type Art Tube MP ou si je passe par le préampli de mon lecteur de K7 de chaine Hi-Fi.
Je vais commencer par régler cet appareil de manière à ce que son propre vu-metre (ou ses leds) flirte avec le rouge mais ne l'atteigne que rarement.
Ensuite, je branche le tout dans l'entrée ligne de ma carte son. Et je regarde ce que ça donne sur mon vu-metre numérique cette fois.
Si je sature, c'est peut-être parce que j'attaque un appareil grand public (la carte son) avec un appareil profesionnel (le préampli). Dans ce cas, il existe parfois un bouton +4dBu/-10dBV : passer sur le -10dBV pour rendre la sortie du preampli compatible avec l'entrée de la carte son.
Sinon, baisser le niveau du préampli pour ne pas saturer l'entrée dans la carte son.
Si je ne sature pas mais qu'au contraire le signal est vraiment faible, résister à l'envie de booster le préampli. Faire un essai d'enregistrement dans ces conditions, nettoyer le bruit de fond éventuel et pousser le volume de la piste pendant le mixage. Si le son est propre au départ, ça devrait rester propre.
Si le son est moche, c'est peut-être le micro qui a saturé.