J'ai récemment découvert une BD proprement magique. Pour bien comprendre de quoi il s'agit, laissez-moi vous raconter une petite histoire ...
En 1977, le Canadien Dave Sim frappe à la porte d'Archie Goodwin, un responsable éditorial de la maison d'édition Marvel (la maison d'édition de la série des X-Men ou de Spiderman). Il lui apporte un projet étrange : une parodie de Conan le barbare, avec en lieu et place dudit barbare un oryctérope (une sorte de fourmilier à la frontière entre le cochon et le kangourou). Le responsable n'est pas emballé, le projet est refusé. Mais au lieu de laisser tomber, Dave Sim décide de poursuivre son idée en s'auto-éditant, à une époque où ce genre d'entreprise n'aboutissait pour ainsi dire jamais. Mieux, il parie sur une parution de 300 numéros.
En 2004, après 25 ans de travail et près de 6000 pages de BD, sortait le numéro 300 de cette saga hors du commun, Dave Sim remportait un pari monstrueux en écrivant "l'oeuvre de bande dessinée la plus accomplie, la plus dingue, la plus intelligente qui ait jamais été créée", et inscrivait un nouveau nom au panthéon de la BD : Cerebus.
Si l'histoire se base sur les aventures de Conan le barbare, elle est bien plus qu'une simple parodie, et il n'est pas nécessaire de connaître son univers pour comprendre les aventures de Cerebus. Tout au long de la BD, on y suit les aventures du personnage principal, Cerebus, un barbare au sens de la répartie redoutable qui commencera son épopée depuis la crasse et la fange qui est le lot de tout bon aventurier solitaire pour vivre des aventures incroyables, peuplée de créature étrange, d'escrocs, de femmes (fatales, forcément), ... "Les dialogues sont truculents, les intrigues intelligentes et fort bien trouvées". Mais si le lieu de l'histoire est plutôt axé sur l'heroic fantasy, l'auteur se garde bien de rester dans les carcans qui imposent la présence d'orcs, de gobelins et autres dragons. Ainsi, dans le premier tome, on s'attend plus à rencontrer des personnages tels que le Parrain de Coppola que Conan toutes épées dehors.
Je parle de tome, car bien évidemment, vous ne vous imaginez pas vous enquiller 6000 pages d'un coup. Dans le premier tome paru, High Society (qui est le deuxième dans la chronologie initale, mais qui selon les éditeurs correspond à la véritable naissance de Cerebus), on suit notre oryctérope s'extirpant de la boue qu'il a parcourue lors de sa première année d'aventure pour se hisser, par un formidable concours de circonstances, au plus haut de la société. La densité et la qualité de ce premier numéro (qui pèse bien ses 512 pages) sont telles qu'on se demande quelle peut bien être la suite des aventures du protagoniste principal. Cependant, après une pareille bonne première expérience, on ne peut que se précipiter sur cette série qui dans quelques années sera synonyme d'excellence.
Petite note :
J'ai inséré ci-dessus quelques citations tirées du magazine Zoo le mag, un excellent magazine (où j'ai découvert ce titre) consacré à la BD et au graphisme. Sa particularité, en plus de proposer un contenu excellent, est d'être gratuit. Vous pouvez le trouver en distribution libre dans les librairies, les bibliothèques et les festivals liés à la BD. Personnellement, j'y trouve de très bons conseils sur la BD passée, présente et future, et il y en a pour tout les goût : franco-belge, manga, comics, artistique, enfant, ... Bref, un excellent magazine.*
* J'espère que les modérateurs ne s'apercevront pas de cette publicité honteusement mais subtilement insérée. S'ils m'en font la remarque, je ferais mine d'être étonné.
KMP: C'est tout ce qu'on aime dans une publicité: qu'elle soit bien faite. Si c'est le cas et que ce n'est pas honteux voire même si c'est un bon conseil, pourquoi ne pas la laisser? 
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